Vendredi dernier, dans un bar, un inconnu me met un tunnel. Pour ceux qui ne connaissent pas l’expression, le mec se met à me dérouler un monologue sur sa vie pendant une 20aine de min, sans mon accord au préalable. Me sentant prise en otage au début et cherchant de l’aide autour de moi, je me détends peu à peu quand je comprends qu’il faut que j’écoute ce qu’il a à me dire.
Il me parle de l’échec. De plusieurs échecs pro et perso qu’il a essuyé les dernières années et la période de deuil qu’il est entrain de vivre. Et que ça va et que dans les cycles il y a une période où tu es dans le dur, qu’elle est incompressible et qu’avec le temps, tout passe. Je souris intérieurement. Gilbert a toujours plus d’un tour dans son sac pour me faire comprendre les choses de la vie. Gilbert, c’est le petit nom que j’ai donné à l’Univers. Et Gilbert m’envoie souvent des signes et là il m’envoie ce gars et une occasion en or de disserter sur l’échec.
Parce que l’échec, je viens d’en vivre un. Un gros. L’entreprise que j’avais créé n’a pas décollée. C’est un fait. Mercredi dernier, nous étions au tribunal de commerce avec mon associée. À Paris, il se situe au bord de la Seine. Trois hommes blancs, les cheveux grisonnants et en robe noir, nous ont déclaré en cessation de paiement. Voilà, c’est fini ! Avec @lucile_g_, nous sommes sorties de là le coeur léger. L’air était glacial, le soleil majestueux. La Seine était argentée.
L’échec peut être cuisant. Le mot lui même est tranchant. Mais si on s’attarde sur le verbe “échouer”, là je trouve qu’il y a davantage de douceur. Je m’imagine débarquer sur une île déserte avec rien mais tout à construire. Retour à la case départ. Seulement cette fois çi, j’ai un bagage inestimable, celui de l’expérience.
J’avais pas compris ça comme ça moi, mais échouer est un cadeau.
The “other F word” comme disent les américains. Je ne sais pas si c’est la France, mais on ne m’avait pas préparé à ça. J’avais presque honte. Maintenant, je suis fière. Fière d’avoir échoué et d’avoir dépassé cette épreuve. On ne rate pas les choses de la vie, ce n’est pas vrai : on se casse la gueule, et on se relève et on survit. On vit.
Et à Léonard Cohen de chantonner doucement : “There is a crack in everything, that how the light gets in.”
S.
#bribes.
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Il est en plein dedans (la thérapie) enfin suivi psy avec anti dep et beaucoup trop de questions dans sa tête
Je lui offrirais ce livre mais peut être une fois qu’il sera à un autre stade de sa dépression
Je voudrais pas le secouer trop fort
Échec du développement de ma start-up aussi pour l'instant, tout simplement. Se relever, de nouvelles aventures et rester la tête haute et l'esprit ouvert sur ce qui nous entoure car Gilbert n'est jamais loin.
Tes mots sont inspirants. Großen Dank.