Comment ça vaaaaaaaa ?!
Moi, en ce moment, la nuit, je ne dors que trĂšs peu.
Jâai de longues insomnies. Alors jâĂ©cris et je lis, beaucoup.
Ă lâheure oĂč vous recevrez cette bribe, nous aurons vĂ©cu une belle pleine Lune en scorpion. Toute cette semaine, de plus en plus imposante, elle aura Ă©clairĂ© mes nuits.
Entre minuit et 6h du matin, mon esprit est plus clair. Jâexplore. Je me rends de plus en compte que mes pratiques dâĂ©criture et de lecture sont, en fait, mes outils de recherche.
Jâai faim de comprendre mon monde.
Jâai lu, coup sur coup, et presque dâune traite, deux essais qui mâont donnĂ© du grain Ă moudre.
LâĂre de lâindividu tyran : la fin dâun monde commun dâEric Sadin, Editions Grasset (2020)
Se libĂ©rer de sa lignĂ©e et guĂ©rir son fĂ©minin de Bernard Chaumeil, Editions Secret dâEtoiles (2021)
Le premier essai, je vous en parlais dĂ©jĂ dans la bribe du 22 avril qui traitait de la violence. Dans une prose animĂ©e, Eric Sadin explique dâoĂč vient la rage que lâon voit Ă©merger partout en ce moment dans le monde. Il Ă©tudie notre histoire, revient en arriĂšre pour mieux comprendre. Il est acerbe mais finit sur une note dâespoir. Je nâai jamais autant surlignĂ© un livre. Je ne suis pas en phase avec tout ce quâil avance mais je dois admettre quâil y aura un avant et un aprĂšs cette lecture. Cela mâa permis de prendre beaucoup de hauteur.
Morceaux choisis :
âNous vivons une Ă©poque qui va voir une lutte farouche entre Thanatos et Eros, entre ceux mus par la pulsion de dĂ©truire et ceux animĂ©s par la ferme intention de construire et le principe dâespĂ©rance.â
âCe qui caractĂ©rise le dĂ©but de cette nouvelle dĂ©cennie, câest un refus toujours plus affirmĂ© exprimĂ© Ă lâendroit dâun systĂšme Ă©conomique et politique presque partout en usage et qui prive de dignitĂ© et de reconnaissance un si grand nombre.â
âLâimpression dâĂȘtre toujours plus livrĂ© Ă soi-mĂȘme, de ne pas ĂȘtre reconnu Ă sa juste valeur, de se vivre comme une victime (âŠ) fait quâen certaines circonstances, dĂšs que lâon se trouve confrontĂ© Ă lâexpĂ©rience de la nĂ©gation de sa personne, se dĂ©chaĂźne la volontĂ© de faire parler sans retenue toute sa fureur : câest la pulsion compensatoire.â
Le deuxiĂšme essai, je vous OBLIGE Ă le lire. Vraiment, vraiment. Bernard Chaumeil est ce que lâon appelle un thĂ©rapeute humaniste. Il a une vision globale de la personne (corps, Ă©motion et mental). Dans son livre, il aide chaque femme Ă prendre conscience de ses blessures Ă©motionnelles sur un plan personnel, familial et collectif. Jâai dĂ©couvert le terme : « corps de souffrance de la femme », ou lâhĂ©ritage, parfois dĂ©licat, Ă partir duquel nous nous construisons dĂšs notre prime enfance. Nous sommes chacune le fruit dâune histoire familiale, culturelle et hĂ©ritons dâun code psychogĂ©nĂ©tique bien ancrĂ©. Ces mĂ©moires peuvent ĂȘtre Ă lâorigine dâune souffrance physique et Ă©motionnelle qui entrave notre Ă©panouissement.
Morceaux choisis :
âOn sâaccorde tous Ă penser que lâon arrive sur cette Terre avec un sac Ă dos. Câest ce sac que lâon vide lorsquâon considĂšre les histoires du passĂ© et que, dans notre prĂ©sent, on les pense pour les panser.â
âLâhĂ©ritage familiale est double : on rĂ©colte les blessures comme les bonnes expĂ©riencesâ
âOn croit trop souvent quâil faut se dĂ©tacher de son corps et moins le regarder sous peine dâĂȘtre taxĂ© de nombriliste. Câest pourtant la partie de notre identitĂ© la plus visible, la plus sensible et la plus comprĂ©hensible. (âŠ) La partie la plus spirituelle de la personnalitĂ© (est) le corps physiqueâ
âInitialement, le corps est fait pour vivre, aimer, se rĂ©jouir, porter la vie, le bien-ĂȘtre et le partagerâ
Ces deux essais mâont passionnĂ© car ils Ă©mettent lâhypothĂšse que la violence vĂ©cue Ă lâĂ©chelle de la sociĂ©tĂ© et la souffrance ressentie dans nos chaires, dans nos individualitĂ©s peuvent ĂȘtre transformĂ©es.
Et du Mal vers le Bien, il nây a quâun pas. Câest cela qui me fascine.
Les clĂ©s de transformation sont donc : la communication, la solidaritĂ©, lâĂ©ducation, le partage, la douceur et bien sĂ»r, lâamour âŠ
BientĂŽt, jâaurais pas un mais deux enfants Ă accompagner sur ce chemin tortueux.
Mon rĂŽle, notre rĂŽle avec leur pĂšre : les armer pour prendre la vie comme elle vient.
En leur apprenant Ă laisser la place Ă la part dâombre que nous avons tous en nous.
En dĂ©bordant dâamour. En faisant « the work », le travail sur soi.
Sâil-vous-plaĂźt, faites ce travail ! Je sais que câest dure dâaller trifouiller dans ses profondeurs. Je sais quâun thĂ©rapeute reprĂ©sente un budget. Je sais que lâon nâa pas tous la mĂȘme stabilitĂ© Ă©motionnelle.
Affronter ses ombres, intĂ©rieurs et extĂ©rieurs, câest la grande aventure de la vie. Câest faire tomber le mur des peurs.
La violence nâa dâĂ©gale que lâamour.
Je vous souhaite une excellente semaine. Puisse-t-elle vous amener vers la lumiĂšre.
S.