Un matin de septembre. Alors que ma liste de choses à faire m’attend, je décide de me réfugier sous la couette. Comportement typique d’une personne dans un état dépressif. Pas possible d’assumer cette journée, pas la force d’être présente à moi-même. Le sommeil ne vient pas, évidemment. Je me sens assaillie d’un sentiment de culpabilité qui me tord de l’intérieur. Ce sentiment je le connais bien puisque je le ressens depuis longtemps.
LA CULPA.
La grosse culpa de ne pas être devant mon ordinateur à bosser comme tout le monde. C’est que je sors de 10 ans où je n’ai fait que ça travailler. Je mérite bien un peu de repos. Mais une autre culpa vient m’anéantir. Si j’ai du temps pourquoi n’irais-je pas chercher mon fils à la crèche pour m’occuper de lui ? Je suis forcément une mauvaise mère alors. Et je suis là à m’apitoyer sur mon sort, alors que dehors dorment des personnes qui n’ont pas autant de chances que moi. Et tous ces messages non-lus, on va croire que j’ai décroché. Il faut absolument que je démarche des nouveaux clients, que j’écrive un chapitre pour mon roman. Qu’est ce que je fous dans mon lit, en fait ?
Dans ma tête, tout s’emballe. Cette chienne de culpabilité me saisit tout entière et prend le dessus sur tout. Je n’arrive même pas à me détendre deux secondes. Je me lève pour tenter de me ressaisir, je me retrouve dans mon salon, droite comme un I et je réfléchis. Je réfléchis très très fort.
Je ne sais pas combien de temps je suis restée là. Franchement, a posteriori, je souris. WoW. La dépression est comme un monstre qui nous enveloppe tout entier.
Ce que je me suis dis : « mon nom est CULPA, culpa, culpa, culpa, culpa, je pourrais me le tatouer sur la gueule tellement je lui laisse de la place dans tout mon être »
Mon cerveau, qui s’auto-sabotait, s’est alors combattu lui même et les paroles qui sont venues après furent : « Laisses toi tranquille Sarah, pour une fois dans ta vie, laisses toi tranquille. Rend les armes, lâches l’affaire, acceptes d’être au fond du trou ». J’ai tellement chialé. En 2022, j’ai tellement chialé si vous saviez. La bonne vieille chiale qui soigne. Avec la morve et tout. La psyché humaine est belle et m’émerveillera toujours.
Depuis, je sais, je sens que quelque chose d’infime, d’invisible s’est ouvert dans mon cœur. Une digue a explosé.
La phase d’après c’est comprendre d’où vient cette culpabilité et comment la déconstruire. Je vous apprend rien en vous disant que c’est à la base de notre civilisation judéo-chrétienne et qu’une personnalité ultra perfectionniste comme la mienne doit apprendre à se laisser tranquille par moment.
J’écoutais Geraldine Nakkache au micro de Laurene Bastide dans le podcast La Poudre qui disait avoir pris 42 ans pour arrêter de s’excuser d’être là. Franchement j’en ai 31 et bien au delà de la validation des autres, c’est la validation de moi même dont je n’ai plus besoin.
Quand tu touches le fond, ça te donne l’incroyable force de remonter à la surface.
Tout va mieux ❤️
Et vous, comment réussissez vous à dompter votre sentiment de culpabilité ?
S.