J’initie aujourd’hui une série de 4 newsletters sur ce que j’appelle « notre enveloppe ». Quatre semaines, quatre Bribes au sujet de nos corps, nos visages, nos apparences, nos contours. Hâte de vous lire.
Aussi, je vous en parlais déjà la semaine dernière, la communauté Bribes est née. Ça y est. Certes en construction mais bien là. Je suis joie. Coucou les premier·ère·s adhérente·s !
Plus d’informations en fin de newsletter*.
Cela aurait été plus facile de commencer par disséquer ma relation à mon corps, car je la travaille et déconstruis depuis des années mais commençons par le visage.
Nos gueules. Nos tronches.
Néanmoins, petit aparté sur le corps.
J’avais déjà écrit ce texte sur Instagram en février 2021 en commentaire d’une photo où je suis nue. Vous pouvez le lire, je vous attends ici.
J’y expliquais que j’étais OK avec mon corps, mon enveloppe. Que ça avait été un peu un parcours compliqué, mais que c’était bon. Reparlons-en la semaine prochaine. Causons faciès.
Le regard que nous posons sur nous n’est pas pur.
Il est plein de biais.
Nous nous regardons à travers un référentiel bien défini par les centaines d’images de visages que l’on voit chaque jour depuis notre plus tendre enfance et de manière accrue avec les réseaux sociaux.
Il existe même un trouble mental nommé la dysmorphophobie. Les personnes qui en sont atteintes “pensent présenter un ou plusieurs défauts esthétiques, en réalité inexistants ou légers.” Ainsi, une personne athlétique va se trouver chétive et une autre va développer une psychose sur les contours d’un nez qu’elle va trouver démesurément énorme. Je trouve ça DINGUE qu’on puisse se percevoir complètement autrement que notre apparence réelle.
En fait, cela nous arrive à tous·tes tout le temps non ?
Moi, depuis que je suis petite, on m’a toujours dit que j’étais jolie.
Mais est-ce que je me trouvais jolie, moi ?
Je suis une ancienne grande timide. Et je vous avoue que, jusque tard, je ne trouvais pas que mon visage soit beau. Un menton fort un peu en avant, un front en piste d’atterrissage, des minis dents écartées sur le côté. Je me rappelle aussi qu’à l’école, on m’appelait “le canard” car j’avais des lèvres charnues, puis j’ai eu le droit à “le mouton”, car mes cheveux étaient très bouclés.
Plus tard, ses lèvres et ses cheveux sont devenus mes principaux attributs.
Mes principaux attributs pour séduire.
Longtemps, j’ai été enfermé dans un désir constant de plaire. À force que l’on me dise que j’étais belle, j’avais besoin que tout le monde le pense, et surtout les hommes. En lisant, en déconstruisant, j’ai compris que notre société créée ça : ce besoin de validation d’autrui sur sa plastique. Je m’en suis défait, presque à 100%.
J’ai décorrélé ma valeur intrinsèque de mon apparence physique.
Pour écrire ce texte, je me suis pas mal regardée dans le miroir, scrutée. Je vous invite à le faire, et à observer les pensées qui viennent.
Ça m’a rappelé un basculement. J’ai commencé à jouer avec mon image vers mes 25 ans en posant devant l’objectif de mes potes et surtout mon acolyte de toujours, Lucile. Au début, voir ma gueule sur les photos était un peu déroutant. On ne se connaît que sous un angle, celui du face/face avec le miroir … et du selfie. Je ne m’aimais pas vraiment sur les clichés enfin, je ne me reconnaissais pas sous ces nouveaux angles. Et puis petit à petit, on s’habitue à soi, on joue avec celui ou celle qui nous regarde. “Bon bah voilà c’est moi”.
M’accepter, accepter mon type de beauté, est passé par ce travail de mise en scène et de mise a nue. De jeu avec mon reflet.
J’ai fait beaucoup rire mes ami·e·s car j’avais mis une alarme sur mon portable en pleine journée pour me rappeler que j’étais belle. “Oh c’est mon réveil pour me rappeler que je suis bonne”. Et pourquoi pas, en fait ?
L’idée, c’est de ne pas vous rajouter une nouvelle injonction (de vous aimer à tout prix), mais de vous poser la question : est ce que vous vous trouvez beau, belle ? Racontez-moi ? Ça vous prend la tête ? Ça vous handicape ? Vous êtes OK avec votre gueule ? Est-ce que comme moi, vous avez eu des petits surnoms à l’école et ça vous est resté ? Et le sujet de la séduction ? La beauté, est-elle un critère ultime dans le choix d’un partenaire ?
Et attendons encore de voir dans quelques années … car le visage évolue avec le temps qui passe … à ce sujet, un podcast que j’avais animé sur la représentation des vieilles dans notre société.
Voilà, c’est ce qui s’appelle : lancer le débat.
Je vous kiffe,
belle semaine,
S.
*La communauté Bribes est un espace safe où chacun·e·s peut s’exprimer et utiliser l’outil puissant de l’écriture : plus d’infos ICI ! J’ai besoin de vos précieux avis.
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Ralala, te lire ma fille, cela m'émeut toujours... aujourd'hui,on me dit souvent quand je montre des photos de moi jeune, comme Sarah te ressemble!!! Moi qui ne me suis jamais trouvé si jolie, moi qui trouve ma fille si jolie,moi qui ne me trouve plus si jolie ....le temps a fait son travail. Je ne me suis pas vue vieillir, j'ai du mal à me regarder sur ces photos prises à mon insu. Ce que j'aime ,c'est de vivre en miroir,le regard de ceux qui portent leurs regard sur moi et qui me disent que je suis belle. Je les crois et j'aime les croire. Je me trouve belle dans le regard des autres ,oui ,c'est cela.
Se trouver 'bonne ', je trouve, c'est tout autre chose, c'est croquer la vie, c'est avoir envie de l'autre, du rapport à l'autre, du partenaire pré sent ou à venir. c'est activer le désir, allumer le feu. Allumons ce feu !!!!!