"Nous sommes venues pour faire la différence."*
De Pamela Anderson aux déesses grecques. Phares dans la nuit.
Bonjour, bonsoir ! J’espère que tout le monde va bien.
J’ai, pour ma part, eu la joie de choper une énorme crève doublée d’une rhino-pharyngite. Je ne pensais pas que les naseaux pouvaient être bouchés à ce point … bref … qui dit maladie, dit Netflix and chill et je dois dire que visionner le documentaire Pamela, a love story m’a bien fait gamberger.
Ce film de presque deux heures réalisé par Ryan White est l’histoire de l’iconique Pamela Anderson racontée par elle-même. Elle qui semble appartenir à tout le monde tant son image a été reproduite encore et encore. Cette fois ci, c’est sa vérité. Elle y narre sa vie, sans filtre, de bimbo inter-planétaire mais aussi de mère de deux garçons et d’éternelle romantique.
Il y a un passage qui m’a marqué.
Nous sommes en 1995. Tommy Lee, son mari et père de ses deux garçons, est interviewé dans une émission télé où il se repentit. En effet, il a violemment poussé Pamela alors qu’elle tenait leur deuxième petit garçon de 9 mois dans les bras, manquant de gravement blesser ce dernier. (Il fera de la prison et elle décidera de mettre fin à leur union après cet épisode.)
À la question de la journaliste à propos de la raison de son geste, Tommy Lee répond, penaud, presque enfantin, “Tommy comes third now, instead of first.” (Tommy arrive en troisième, maintenant, au lieu de premier.) Pamela se rappelle également que la nuit du drame, il lui a crié “I want my wife back, I want my wife back ! ” (Rendez moi ma femme ! )
Pamela n’était plus toute entière à lui, alors il a disjoncté.
La position de mère a dérangé. Fortement.
La dernière fois, ma psy a glissé dans une de nos conversations “Ne devenez pas la mère de votre fiancée, j’ai des patientes qui le payent très cher des années plus tard.”
AH BON ? WAAAA. Mais c’est quoi ce bordel ? Ça donne pas du tout envie …
Mais en même temps, c’est méga intéressant !!! Vous savez maintenant comme j’aime ce genre de questionnement. Comment disséquer ce statut de mère qui semble si dissonant ? Comment le comprendre et l’embrasser complètement, sans craintes ?
Pour cela, utiliser le concept des archétypes peut être d’une grande aide. Centrales dans le travail du médecin psychiatre Carl Gustav Jung (je l’aime) ou celui de l’artiste Alejandro Jodorowsky** (je le kiffe), spécialiste reconnu de la lecture symbolique des cartes d’enseignement du Tarot, les archétypes sont des outils de guidance très puissants.
Très simplement, un archétype est un symbole primitif, universel, appartenant à l’inconscient collectif. Une image plus ou moins fixe que tout le monde partage inconsciemment !
À ce propos, les recherches de la psychanaliste jungienne et féministe Jean Shinoda Bolen m’ont beaucoup inspirées cette année. Je vous conseille vivement son livre Goddesses in Every Woman qui date de 1984 et malheureusement n’a jamais été traduit en français.
Elle nous y invite à comprendre les énergies psychiques puissantes qui influencent notre vie à travers l’analyse de modèles archétypiques inspirés de l’antiquité classique. Ainsi, Artémis, Athéna, Hestia, Héra, Déméter, Persephone et Aphrodite représentent les modèles innés qui façonnent les comportements et les traits de notre personnalité.
L’objectif n’est pas seulement d’en identifier le potentiel et les limites, mais surtout de prendre conscience des conflits et des manques qu’elles comportent, pour acquérir une liberté et une intégrité toujours plus grandes.
En déconstruisant les dichotomies simplistes imposées par le patriarcat de mère/amante, femme au foyer/femme d’affaires, vierge/prostituée, l’essai de Jean Shinoda Bolen met en lumière l’extraordinaire richesse et la complexité de la psyché féminine.***
Ce qui est beau dans le documentaire de notre chère Pamela Anderson (la boucle doit se boucler tout de même !), c’est, qu’à 55 ans, elle s’analyse avec justesse et finit par trouver la paix intérieure et aimer toutes les parts d’elle-même, malgré ce que la société, les médias et son entourage lui ont renvoyé toute sa vie.
Alors, quel archétype de femme vous correspond le plus en ce moment même ? Qu’est-ce qui dans “être mère”, “être amante”, “être vieille”, “être puissante”, “être vulnérable” vous challenge le plus par rapport à vous-même et dans votre relation avec l’autre, les autres ? Est-ce que vous en avez parlé avec votre partenaire ? Les hommes qui me lisent, que cherchez-vous chez nous ?
Je vous laisse avec ça. Naviguer entre ses différentes identités de femmes est sans doute la plus belle aventure qu’il soit. Je crois.
Beau week-end et belle semaine,
S.
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* Phrase la plus connue de Jean Shinoda Bolen, à écouter ICI. MAMAN, si tu passes par là, elle est pour toi cette vidéo.
** Jodorowsky a écrit un texte très dense : Un évangile pour guérir, ou un décryptage et une analyse subtile des archétypes spirituels psychologiques et moraux du Nouveau Testament faits en s’appuyant sur la lecture symbolique des cartes d'enseignement du Tarot. Ce qu’il faut retenir, c’est que les archétypes sont partout ! surtout dans notre cerveau ! Et qu’il faut constamment déconstruire ces schémas pour avancer.
*** voir ICI un article sur le livre de Jean Shinoda Bolen, ainsi que des descriptions brèves des archétypes.
'je suis venue pour toi' cela me rappelle une chanson de Laurent Voulzy.Rien avoir! Et pourtant ,peut être bien que oui..Je suis venue pour faire la différence! Aimer, être aimé. L'homme aimé, reste le plus souvent le petit garçon. Celui qui a été aimé quand il était enfant par ces mères que nous sommes toutes, toutes comme cela ,comme on peut. C'est un cri d'amour que celui de cet homme : Rendez moi ma femme !! . La question, c'est comment éviter cette violence qui vient après le cri , car le premier cri est d'amour toujours : rendez moi ma femme !!!