Le temps, la culpa, la glande, la productivité.
Avec Pauline Laigneau, Emma Grede et Mona Chollet.
Saisie d’un élan de folie et de positivité, je vous écrivais le 1er octobre dernier pour annoncer une nouvelle saison des Bribes et donc un rendez-vous hebdomadaire.
Nous voilà le 30 novembre et je n’ai jamais appuyé sur le bouton “Publier” depuis.
Je ne sais pas comment et pourquoi je me suis sentie capable de pouvoir rédiger une revue de mes lectures une fois par semaine en plein dans le moment le plus chargé de ma carrière professionnelle et avec deux enfants en bas âge option Je-me-réveille-2-à-3x-par-nuit-encore-et-j’enchaîne-les-maladies-infantiles-du-Moyen-Âge-sinon-c’est-pas-drôle.
C’est tout moi.
Je sur-estime beaucoup ma “productivité”. Ça me réussit (souvent) et puis, bon, parfois …
Mes semaines sont organisées au cordeau et quand j’ai du temps libre, la majorité du temps en ce moment et bien … Je dors.
Le temps qui file entre les doigts … Ça parle à tout le monde ça non ?
Un matin, en étendant une machine avec un masque hydratant coréen sur mon visage de trentenaire fatigué, j’ai écouté ce podcast de Pauline Laigneau sur la gestion du temps et des priorités. Ça m’a aidé à rationaliser ce que je n’arrivais pas à me dire :
Je ne peux pas mener tous mes projets de front.
I can’t do it all and have it all.
C’est la géniale phrase de mon entrepreneur préférée Emma Grede
Un véritable appel à juste être OK avec le fait que la vie de femme qui travaille beaucoup et qui mène une vie de famille n’est pas DU TOUT de tout repos. Et que l’équilibre, c’est un peu du bullshit. Enfin, en tout cas, l’équilibre au quotidien.
Pourquoi je vous dis tout ça ? Pourquoi cette introduction à rallonge ?
ET BIEN PARCE QUE J’ÉTAIS EN MEGA CULPA DE NE PAS AVOIR RÉUSSI À ÉCRIRE MA FUCKING BRIBE.
Alors que personne ne m’a demandé de le faire.
C’est mon petit cerveau hyper exigeant de Capricorne de janvier qui s’auto-flagelle.
Mais comme d’habitude, j’ai saisi la balle au bond pour m’observer et comprendre cette frustration.
C’est là que Mona Chollet intervient.
J’ai lu son essai Résister à la culpabilisation, Sur quelques empêchements d’exister et j’ai trop kiffé.
Le matin qui a suivi la soirée où j’ai refermé le livre, j’ai ressenti un rare sentiment : celui de l’absence de culpa. (Vous vous rappelez de ce texte ?)
Franchement, ça fait du bien de se dire qu’on n’est pas seul.
L’autrice nous explique que la culpabilité est bien souvent un long processus d'intériorisation de normes politiques, religieuses, professionnelles, familiales et genrées qui remonte à loin.
Au début de son essai, elle raconte qu’elle se retrouve enfin chez elle avec un seul devoir, celui d’écrire, libérée de ses contraintes salariales de journaliste et directrice de rédaction.
Et là, panne sèche, culpa, sentiment de nullité, procrastination, …
Autant de sentiment provoqué par l’absence de productivité.*
Ça fait réfléchir.
Je vous conseille vivement de le lire si vous avez du mal à prendre du temps pour vous ou à ne rien faire.
“Ne rien faire”.
Toujours dans son podcast, Pauline Laigneau et son invité font l’apologie de la glande :
Se reposer de son Moi sur-productif et efficace à tous prix.
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Vous recevez cette bribe un 1er décembre, un dimanche.
Je vous souhaite de glander et d’honorer votre devoir de vous reposer aujourd’hui …
… avant que Décembre nous aspire dans sa frénésie de fête et to-do interminables,
Glandez !
À très vite.
S. <3
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* bien évidemment, l’essai va plus loin que la thématique “productivité”.
L’autrice écrit “Je suis un peu embarrassée de consacrer un livre à l'ennemi intérieur, à une époque où les ennemi.es extérieur.es sont en si grande forme…”. J’aime bien son positionnement par rapport à cela : c’est cette lutte contre l’ennemi intérieur qui peut nous aider à contrer les ennemi.es extérieur.es qui ne s'embarrassent pas, eux, d'une culpabilité récurrente.
Salut Sarah,
Je comprends parfaitement ce sentiment de culpabilité crée par une sur estime de tout ce que tu peux faire… mais faut dire que lorsqu’on a l’énergie tout semble possible donc pourquoi pas tout lancer en même temps.
Tu as raison de parler de priorité. Que ce soit dans le travail, dans les tâches quotidiennes et même mes relations j’ai appris à hiérarchiser. J’ai pas deux enfants en bas âge, mais deux adolescents qui se changent deux fois par jour et qui prennent de la place, alors je vois bien comme le temps file.
Je vais lire l’essai dont tu parles sur la culpabilité, car gros problème chez moi du quotidien pour tout et n’importe quoi.
Une amie m’a parlé d’un autre bouquin à ce sujet (je retrouverais le titre et te le transmettrai) qui disait que lorsqu’on se sent souvent coupable c’est aussi une forme d’égocentrisme. Comme si on ramenait tout à nous et que tout dépendait de nous…. à approfondir.
Avec mon métier, qui est un peu moins prenant que le tiens mais qui je crois suit un rythme assez similaire, j’ai appris à me reposer dès que je peux, à ne rien faire, avoir un rythme totalement décalé et me sentir libre grâce à ça. J’ai toujours mis un point d’honneur à « avoir le temps » à un tel point que je me souviens d’un ex qui avait un jour écris en pseudo whatsapp ou autre « Pas le temps » et que je l’ai largement méprisé pour ça. J’ai méprisé cette nouvelle manie qu’il y avait à aimer ne pas avoir le temps ou le dire sur un ton vantard, comme si ça faisait de nous des gens bien car productifs, sur mille projets et qui peuvent mener tous les combats.
Je suis persuadée que la plus grande richesses est d’avoir le temps pour soi, ceux qu’on aime et le paysage.
Je reste branchée. Bonne semaine.